Le vieillissement biologique affecte les organes sensoriels ainsi que le cerveau et par conséquent la cognition. La littérature rapporte non seulement que ces atteintes sont concomitantes, mais aussi qu’elles sont positivement corrélées. Quatre hypothèses sont généralement proposées pour expliquer ces associations. Toutefois, aucune ne semble à même de rendre compte de l’ensemble des données existantes et les mécanismes précis en jeu restent à éclaircir. L’approche incarnée et située de la cognition pourrait fournir un cadre théorique particulièrement intéressant et adéquat pour expliquer ces liens. En effet, selon cette approche, les représentations cognitives sont ancrées dans leurs propriétés sensorimotrices. Autrement dit, les fonctionnements cognitif et perceptif seraient interdépendants. Cet article propose une revue critique des liens entre les fonctionnements sensoriel et cognitif dans le vieillissement ainsi que des hypothèses explicatives attenantes. Une lecture incarnée de cette possible interdépendance est développée. Les implications théoriques et cliniques de cette lecture seront alors considérées.